12 mars 2007 : L'ascenseur de la honte.
2, 1, 0, -1, -2, -3. J’étais arrivée à destination. L’ascenseur a stoppé sa descente. Il a émis ce « bip » particulier à tous les ascenseurs qui arrivent en fin de course puis un inquiétant « zwiiing » venu de nulle part et … Et plus rien. J’étais debout, immobile, anxieuse devant ces portes qui refusaient de s’ouvrir pour me rendre ma liberté. Mais j’ai lutté courageusement pour ne pas céder à la panique tout de suite. J’ai respiré par le ventre, ouvert mes shakras aux ondes positives, psalmodié deux ou trois paroles de magie noire dans le but (vile) d’effrayer les portes et de les forcer à s’ouvrir. Tout ceci sans le moindre succès. Evidemment.
Le gros bouton rouge (celui sur lequel est inscrit « Si l’ascenseur s’arrête entre deux étages, ne paniquez pas, nos dépanneurs seront là en quelques minutes ») m’appelait de sa voix mielleuse. Alors j’ai appuyé.
« Sécurité j’écoute ! »
« Euh … Oui … C’est Lili … Encore … Je suis coincée au – 3 dans l’ascenseur. Les portes ne veulent pas s’ouvrir … »
« Tournez-vous. »
« Pardon ? »
« Tournez-vous ! »
J’ai pensé qu’il voulait s’assurer que je n’étais pas armée. Peut-être. Alors docile, je me suis retournée, prête à lever les mains s’il le demandait. Et là, stupeur. La porte de derrière était grande ouverte. Cette seconde porte à laquelle on ne fait jamais attention. Cette seconde porte qui ne devrait pas exister. Cette seconde porte créée par un ingénieur en ascenseur dans le seul but de me faire honte un jour.
« Euh … Merci… »
Et là, comme si ça ne suffisait pas, le gars de la sécurité a répondu :
« Ouais, ouais c’est ça … Aller, à bientôt ! »
« Celui qui ne se plante jamais n’a aucune chance de pousser. »